La Première Seconde
Hubert Reeves
Scientifiquement parlant, «les concepts sont admis à l’échelle de leur rentabilité.(…) L’hypothèse de l’existence de l’électron rend compréhensibles de larges pans de la réalité.(…) Pour cette raison, le physicien admet l’existence des électrons.» Mais, lorsqu’il s’agit de conjectures métaphysiques hasardeuses, «l’être humain (…) est-il mené en bateau par son insatiable désir de “sens”, par son allergie incontrôlable pour l’ “absurde”. Est-il victime de son optimisme viscéral ?» Une version du fameux “principe anthropique” pourrait être: «L’univers possédait, dès les premiers instants, les propriétés requises pour élaborer la complexité.(...) De ce principe, on a dit qu’il était “vide de contenu”, “tautologique”, “parfaitement anthropomorphique”. On a parlé du “retour du religieux”. On y a vu une résurgence du “dieu des failles”. Ce dieu auquel certains font appel devant un phénomène apparemment inexplicable, mais que la science déloge quand elle en trouve l’explication.» Peut-être n’est-ce pas «un “retour” du religieux mais plutôt une ouverture nouvelle sur l’interrogation métaphysique et religieuse. A chacun de l’aborder à sa façon.»