Pierre Lembeye, Nous sommes tous dépendants
Il faut considérer comme «une nécessité pour l'humain d'accéder à sa moindre cohérence.(…) Car la folie, l'ivresse gouvernent la sobriété, au sens où elles découvrent la primordialité d'une situation de dépendance.» Cela reflète une «procession initiale de la physique et de la chimie par rapport à l'imaginaire et au langage, hiérarchie entre l'ordre du besoin et l'ordre du désir, étayage de l'amour sur la faim.» On peut comprendre dès lors que «le mythe interdit donc, au moment transitionnel lié à son efficacité, toute substitution. Il en est de même dans l'état amoureux comme dans l'état transférentiel. La matrice substitutive n'est plus disponible une fois qu'amour et transfert sont installés.» Ayant pris la mesure de ce que la liberté a d’illusoire compte tenu des contraintes biologiques, il reste néanmoins à l’individu des possibilités de choisir, de changer et donc d’évoluer en s’exerçant à identifier le «passage par un moment éphémère qui permet une modification des coutumes et accoutumances.(…) C'est ce passage qu'il s'agit de trouver pour soi et pour l'autre.»