Francis Kaplan, Le paradoxe de la vie
«Le hasard est impensable, car penser un phénomène est très exactement l’expliquer par des causes. Il est tellement impensable que, pour le penser, on le transforme contradictoirement en cause.» On peut dire que «la seule explication possible d’un phénomène avec finalité à partir de phénomènes sans finalité est le hasard.» Or, «expliquer la vie par le hasard, c’est (…) assimiler l’être vivant à une machine – avec cette seule différence que ce n’est pas une machine construite par un ingénieur conscient, mais produite par hasard.» Mais alors surgit une contradiction, car «on ne peut en effet concevoir une fin, un but en vue duquel on combine des moyens, sans une conscience, mieux une conscience intelligente, qui fixe ou se fixe ce but et combine ces moyens. Une finalité non consciente est aussi contradictoire qu’un carré non quadrilatère ou qu’un cercle carré.» Cependant, si l’on considère que «d’une part, le milieu tend à faire varier au hasard des circonstances les constantes et que, d’autre part, l’organisme réagit pour empêcher ces variations.(…) C’est donc bien essentiellement que la biologie implique le hasard, car il n’y a du contraléatoire que parce qu’il y a de l’aléatoire.»