Charles Taylor, Le malaise de la modernité
"Si je ne suis pas sincère, je rate ma vie", "être sincère envers moi-même signifie être fidèle à ma propre originalité", "nous avons besoin des autres pour nous accomplir mais pas pour nous définir", voilà sur quelles maximes se fonde "l'idéal moderne de l'authenticité." Or, «le problème à propos de l'identité personnelle originale et qui émane de l'intérieur, c'est qu'elle ne dispose pas de reconnaissance a priori. Elle doit se la mériter à travers l'échange.(...) Nos sentiments, d'une certaine façon, ne sont jamais un principe suffisant pour faire respecter notre position.» De plus, «en abolissant tout horizon de signification, l'anthropo-centrisme nous menace d'une perte de sens et donc d'une banalisation de notre destin.» En somme, «si être authentique, c'est être sincère avec soi-même, recouvrer son propre "sentiment de l'existence", nous ne pouvons alors y parvenir pleinement qu'en reconnaissant que ce sentiment nous relie à un tout plus vaste», c'est-à-dire «une réalité supérieure qui possède une signification indépendante de nous ou de nos désirs.» Car, «ce n'est pas moi qui détermine quelles questions comptent.»